Stimulées par la Coupe du monde, les ventes de téléviseurs haute définition (HD) ont explosé au cours de ces derniers mois. En juillet, les ventes ont quintuplé par rapport au même mois de 2005. Pourtant, nombre d'acheteurs sont déçus par la qualité de l'image, parfois moins bonne que sur leur ancien équipement.
En fait, il semble que l'engouement en faveur de la haute définition ne se soit pas toujours accompagné de son corollaire : pour profiter de cette technologie, il faut posséder un téléviseur spécial, mais il faut aussi que les émissions soient diffusées en standard "HD Ready". Or, à l'heure actuelle, seuls les bouquets numériques TPS et CanalSat proposent des images en haute définition.
"Il existe effectivement une ambiguïté", constate Marie Legrand, analyste chargée de la télévision chez GFK. Selon une étude menée par cet organisme spécialiste du marché de l'électronique, 5 % seulement des personnes interrogées connaissent vraiment la notion de HD Ready. Ainsi, bon nombre de consommateurs considèrent qu'un téléviseur à écran plat est forcément "haute définition" et, surtout, font un amalgame entre haute définition et TNT, la télévision numérique terrestre déjà disponible lorsque l'on
dispose d'un téléviseur adapté.
Or la plupart des décodeurs TNT vendus ne supportent pas la haute définition, car ils utilisent une norme de compression (MPEG 2), qui n'est pas compatible. Pour recevoir des émissions en haute définition, il est nécessaire d'utiliser des décodeurs en MPEG 4, beaucoup plus rares et chers à l'heure actuelle. Contrariés de ne pas disposer d'une meilleure définition de l'image, les déçus de la HD constatent parfois que la qualité de réception s'est même dégradée. En effet, le téléviseur haute définition reçoit une
source analogique qu'il est obligé de convertir. Le résultat peut donner une image de mauvaise qualité, très loin de celle que propose l'écran d'un ordinateur par exemple.
"ORPHELIN"
"Le label HD Ready offre la garantie qu'au moment où des émissions en haute définition seront diffusées, elles pourront être reçues", rappelle Jean-Pierre Lacotte, président du HD Forum, le consortium d'industriels qui a édicté cette norme. En d'autres termes, les programmes en haute définition ne se développeront que lorsque le parc de téléviseurs sera assez important. "C'est un peu comme si on avait demandé aux consommateurs d'acheter des téléphones portables avant que le réseau mobile n'existe",
s'étonne le mensuel 60 Millions de consommateurs dans son édition de septembre. "Un téléviseur haute définition reste orphelin tant qu'on ne lui donne pas d'image haute définition à afficher", conclut le magazine.
Les vendeurs des rayons hi-fi vidéo ont-ils informé les acheteurs avec suffisamment de clarté ? La question se pose. Malgré tout, l'évolution des ventes reste dynamique. Alors que 450 000 téléviseurs haute définition ont été diffusés en 2005, GFK table cette année sur 1 500 000 ventes.